dimanche 21 octobre 2012

Aucune loi contra la démocratie


Josep Bargalló Valls @JosepBargallo
First Minister and Minister of the Presidency of Catalonia 2004-2006
Minister of Education of Catalonia 2003-2004
Councillor in Torredembarra Town Council (1995-2003)
President of the Ramon Llull Institute (2006-2010)
From 2010 he is Professor at the University Rovira i Virgili

Le même jour que Cameron et Salmond paraphaient l’accord institutionnel pour le référendum écossais et que l’État espagnol était à nouveau condamné par le Tribunal de Strasbourg (cette fois-ci pour ne pas avoir enquêter sur les preuves des tortures infligées au journaliste basque Matrxelo Otamendi, détenu et emprisonné en vertu de la loi anti-terroriste pour en être ensuite pleinement acquitté), la Catalogne commémorait, une année de plus, l’exécution du président Lluis Companys. 
Le 15 octobre 1940, suite à un procès militaire à comparution immédiate, digne de l’Espagne d’après-guerre, Lluís Companys, dernier président de la Generalitat de la Catalogne républicaine fût fusillé après avoir été détenu par la Gestapo et livré au régime de Franco. Il fut le seul gouvernant européen du XXème siècle, élu démocratiquement, à être exécuté et reste le plus grand symbole de la persécution franquiste des républicains catalans. Actuellement, l’État espagnol - qui maintient les subventions à une Fondation créée pour maintenir la mémoire et l’idéologie de Franco- a  constamment refusé de déclarer nul ce procès tout comme elle s’oppose à revendiquer la mémoire historique de toutes les victimes de cette période.  
Le même jour que Cameron et Salmond confirmaient leur accord, l’État espagnol fut, encore une fois, condamné pour une question des droits de l’homme. Les catalans, nous, commémorions l’exécution de notre président pendant que toute une pléiade de responsables du gouvernement de Madrid menaçait d’utiliser la force de ses lois contre toute tentative de la Catalogne de convoquer un référendum sur la volonté de son peuple de devenir un nouvel État européen. 
Le 11 septembre passé -Journée Nationale de la Catalogne- plus d’un million et demi de personnes avait rempli le centre de Barcelone réclamant précisément cela, que la Catalogne devienne un nouvel État en Europe. 
Depuis cette journée, beaucoup de faits ont eu lieu: la convocation d’élections anticipées au parlement de la Catalogne, la prise en compte du parti au pouvoir de cette réclamation populaire -déjà assumée antérieurement par d’autres forces parlementaires-, la coïncidence de tous les sondages indiquant qu’une majorité de la population réclame ce référendum et que les partis qui l’incluraient dans leurs programmes électoraux deviendraient majoritaire aux élection et au Parlement- des partis allant du centre-droite à la gauche... 
La réponse du gouvernement de Rajoy fut inaltérable : non au dialogue et des menaces contre tout processus de décision populaire. Et l’attisement de la peur: de l’insistance sur l’exclusion de l’Union Européenne d’une Catalogne indépendante - démenti ou modéré depuis Bruxelles- aux stupidités telles que l’incompréhensible affirmation que tous les diplômes universitaires deviendraient invalides. Des actions qui continuent de démontrer, pour beaucoup de catalans, que la souveraineté est la meilleure solution: les budgets espagnols, une année de plus, destinent beaucoup moins de fonds de ce que rapporte la Catalogne en termes fiscaux et de participation au PIB global. Le ministre de l’Éducation affirme sa volonté “d’espagnoliser” les élèves catalans (c’est-à-dire, mépriser la langue propre de la Catalogne, son histoire et sa culture...). 
Mais, plus important encore, la dialectique actuelle se base sur la possibilité ou non que les citoyens de la Catalogne puissent s’exprimer librement et démocratiquement sur leur futur. Invoquant la Constitution espagnole -qui n’interdit pas les référendums mais dit que seul l’État peut les convoquer- et toute sa législation, le parti de Rajoy en est arrivé à dire que la convocation d’un référendum catalan serait un délit et qu’il faudrait responsabiliser et emprisonner l’autorité qui le tiendrait. Le jour même...
Cela représente, pour toute l’Europe, l’heure de la vérité de la proposition catalane: en plein XXIème siècle, peut-on empêcher l’expression aux urnes à un ensemble de citoyens définis et reconnus politiquement? Peut-on interdire un parlement et un gouvernement, élus démocratiquement, d’exercer le devoir d’un référendum populaire sur une question aussi capital pour le futur de sa société et que celle-ci réclame pacifiquement?
Peut-on interdire l’exercice démocratique? L’Union Européenne peut-elle le permettre?.

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