samedi 15 décembre 2012

Des milliers de Catalans dans la rue pour défendre leur langue


En pleine poussée nationaliste, des milliers de Catalans ont manifesté jeudi à Barcelone contre un projet de loi sur l'éducation qui réduit le poids du catalan au profit du castillan, langue commune à toute l'Espagne. Agitant le drapeau catalan rayé rouge et jaune, ou le drapeau indépendantiste, l'estelada, frappé d'une étoile blanche sur fond bleu, les manifestants ont parcouru le centre de la ville."Défendons l'école en catalan", criait un groupe d'adolescents, les épaules drapées dans la bannière indépendantiste.Dans la foule s'élevaient des pancartes avec les mots "Immersion linguistique", "Ecole en catalan, sans coupe budgétaire"."Cette réforme va à l'encontre de choses aussi essentielles que l'égalité et la cohésion sociale: l'école publique est un lieu commun où des élèves de toutes les origines peuvent se rencontrer et s'éduquer ensemble", accuse Anna Via, professeur de Sciences Sociales de 31 ans."Cette réforme ne prend pas en compte la réalité de la Catalogne, car le catalan est nécessaire au quotidien si tu vis ici: ils devraient la retirer", lançait Oriol Luque, 22 ans.Cet étudiant en journalisme se trouvait parmi les milliers de personnes qui s'étaient rassemblées sur la Place de l'Université de Barcelone, à l'appel de syndicats et d'associations de professeurs, d'élèves et de parents, dénonçant "une attaque sans précédent du modèle éducatif catalan".
 
Le projet gouvernemental donne plus de poids au pouvoir central espagnol pour fixer le tronc commun des programmes éducatifs et renforce le poids du castillan. Même si elle n'en est encore qu'au stade de projet, cette réforme a déjà été rejetée par plusieurs des 17 régions, chargées en Espagne d'administrer le budget de l'Education, car elles y voient notamment une atteinte à leur pouvoir d'élaborer les programmes scolaires. Des manifestations étaient d'ailleurs prévues jeudi dans plusieurs villes d'Espagne, dont Madrid, où quelques centaines de personnes ont participé au défilé. Les Catalans voient dans le projet de loi une attaque contre un système qui a octroyé une grande autonomie aux régions, notamment en matière d'éducation et de santé, après la fin de la dictature franquiste (1939-1975). Dans le nouveau système, "la langue catalane ne serait plus une matière obligatoire dans les examens de fin de cycle et passerait en quatrième position dans l'enseignement des langues", derrière le castillan et deux langues étrangères, estime Ramon Grau, directeur d'une école secondaire de Barcelone. Or, le catalan est le principal symbole de l'identité de la région. Interdit dans la sphère publique durant la dictature, il a progressivement regagné du terrain jusqu'à devenir la langue d'enseignement dans toutes les écoles publiques de cette région de 7,5 millions d'habitants. L’espagnol n'y est étudié que comme une langue vivante obligatoire. Le texte présenté il y a dix jours par le ministre de l'Education, José Ignacio Wert, a donc fait l'effet d'une bombe et ravivé la colère du gouvernement catalan d'Artur Mas, en conflit avec Madrid qui a rejeté en septembre son projet d'une autonomie budgétaire accrue. La frustration grandissante des Catalans s'est traduite dans les urnes, lors des élections anticipées du 25 novembre qui ont propulsé le parti de gauche indépendantiste ERC à la deuxième place de l'échiquier politique catalan, derrière les nationalistes modérés de la coalition CiU d'Artur Mas.Si la réforme se concrétise, "ce que nous aurions serait un modèle très semblable à celui que nous avons connu petits, un modèle d'un certain autoritarisme, avec des contenus très contrôlés" par Madrid, dénonce Alex Castillo, 47 ans, père de deux enfants de 10 et 13 ans. Toutefois, ce système ne convient pas à tous et certains parents ont exigé devant la justice de scolariser leurs enfants en castillan. Le projet de loi répond à leur demande et prévoit que les parents souhaitant pour leur enfant un enseignement en castillan, et non en catalan, puissent l'inscrire dans une école privée aux frais du gouvernement régional. Une telle mesure supposerait un coût très élevé pour la Catalogne. "Le gouvernement ne veut absolument pas liquider l'école en catalan", a une nouvelle fois assuré mercredi M. Wert. La révolte gronde et certains appellent déjà à l'insoumission face au projet Wert.

Source : TV5
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