vendredi 25 janvier 2013

Nous appareillons!


Le président du gouvernement catalan, Monsieur Artur Mas, à la sortie de la signature du Pacte pour la Liberté avec le chef de l’opposition parlementaire, Monsieur Oriol Junqueras, a identifié le moment politique: nous appareillons. Dans le discours inaugural a évoqué les difficultés qu'il y a pour commencer une entreprise de cette taille, principalement parce que c'était une amélioration du statu quo.

Je suis d’accord avec lui. Les habitants de la Catalogne se sont exprimés dans la rue et dans les urnes avec plus de 2 millions de bulletins de vote en faveur de l'exercice du droit de décider et de se diriger vers leur propre État. Et ces citoyens n’ont pas voté comme ça pour suivre une sorte d’aventure enfantine ou romantique, ou manipulés par des perverses élites nationalistes qui mentent aux gens et aux enfants à l'école. Ils ont agi comme ça parce que la classe moyenne et ouvrière, jusqu'à récemment éloignée de l’idée de la souveraineté, a perçu maintenant les effets nocifs d'être espagnol en Catalogne: elle se sent confisquée puisqu’elle doit  payer un impôt beaucoup plus élevé des services qui sont fournis par l'Etat; gouvernée par des bureaucrates inefficaces qui prennent des décisions fondées sur des préjugés politiques; exclue par leur identité culturelle et linguistique; consciente du fait que le cadre juridique fourni à la sortie du franquisme est utilisé pour y retourner maintenant.

C’est l'oligarchie espagnole et ses instruments de pouvoir, l’État centralisé, qui, avec sa mauvaise gestion, nous oblige à divorcer. Un traumatisme pour la partie la plus faible des deux, qui doit quitter sans instruments de subsistance définis, et avec la menace de l’autre part de nouveaux mauvais traitements. Mais la tâche de construire un nouvel état ne consiste pas seulement à sortir de l'abus, mais d'améliorer tout ce qui n'a pas fonctionné dans le statu quo. Et cela doit être fait avec la complicité de la plupart des forces politiques et sociales. On ne comprendrait rien si on ne profite pas le changement pour repenser l'administration, la rendre plus efficace et l’approcher aux modèles plus efficaces et transparents d'Europe,  et non seulement l’administration mais tout le système démocratique, en diminuant les risques de corruption et l'intégrant dans le groupe des démocraties participatives les plus avancées. Et Il faudrait aussi modifier la pyramide sociale, injuste par rapport à celles du Nord, en réduisant les extrêmes de ceux qui nagent dans l'abondance et dans la pauvreté.

Cela signifie changer le statu quo visé par le président Mas. Il faudra surmonter, donc, de nombreux corporatismes, revêtus comme idéologies de gauche ou de droite, qui travaillent pour que rien ne change. C'est un temps où, si nous voulons avoir un avenir, nous avons une occasion unique de profiter de l'élan de régénération qui signifie la construction d'un nouveau pays et que tout le monde y puisse contribuer. C'est là que nous verrons si les dirigeants politiques et sociaux sont à l’hauteur d’un véritable homme d’État en analysant cette situation extraordinaire et en évitant les désirs de solutions à court terme de leurs bases, et aussi sa capacité de résister et de dénoncer toutes les manœuvres contre le processus menées par une partie du patronat lié à l'oligarchie et aux services d'ordre de l’État. Ces manœuvres de putsch-col blanc sont destinées à supplanter la volonté populaire telle qu'exprimée au Parlement.


Nous savons qu'il y aura une résistance de bonne foi, des gens auxquels  l’émancipation leur fait de la peine ou ne voient pas clairement le processus. Nous devons les convaincre, un par un; un beau travail pour les partis et les organisations sociales. Nous savons qu'il y aura aussi quelques uns qui, de mauvaise foi, vont essayer de briser le navire pour qu’il naufrage ou ne puisse pas commencer ce voyage. Avec ceux-ci nous devons nous battre dialectiquement et les mettre en évidence devant le peuple. Nous avons besoin d'unité, de paix et de persévérance. Selon l’état de la mer ou l’expertise des marins, nous pourrons arriver à la fin du voyage directement, d'île en île ou en suivant la côte




Josep Huguet Biosca
Ancien ministre du gouvernement de la Catalogne (2004-2010)
Président de la fondation Irla






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